La vocation : une rencontre d’amour

Ce qu’on appelle la « vocation » est donc une rencontre d’amour. Oui, il y a bien un appel de Dieu qui descend vers moi. Mais c’est aussi un désir qui vient de notre coeur. Et la vocation ne s’épanouit que dans la rencontre de ces deux mouvements.

L’appel de Dieu peut prendre mille formes. La plus rare est celle que certains imaginent spontanément et dont nous venons de parler : une manifestation directe de Dieu par une vision ou par une voix qui délivrerait un message clair, net et précis. Non, Dieu ne parle pas par mail, fax ou SMS.
Dieu préfère se glisser dans le quotidien de notre existence. Une rencontre, une lecture, une parole entendue pendant un cours ou une homélie, un témoignage ou une émission de télévision, un film prennent soudain un poids particulier.

Souvent, cet événement, qui est perçu comme un appel, résonne chez la personne car l’appel avait été préparé. 50% des novices religieux français disaient en 2004 qu’ils avaient déjà entendu un 1er appel dans leur enfance. Il peut y avoir, parfois très tôt, une inclination, un désir de donner toute sa vie à Dieu, de faire comme telle personne dont l’exemple a pu fasciner. Contrairement à ce que pensent une majorité de parents, les enfants sont capables d’une rencontre très profonde de Dieu et il en est plus d’un pour qui la première communion ou la confirmation ont été de véritables expériences mystiques.

Celui qui est appelé peut dire comme le prophète Isaïe : « Yahvé m’a appelé dès le sein maternel, dès les entrailles de ma mère il a prononcé mon nom. » (Isaïe 49, 1).

Celui ou celle qui découvre que Dieu l’appelle éprouve surtout un émerveillement, une gratitude, une profonde joie. Il sent de manière inexplicable qu’il est « fait pour cela » depuis toujours. Cela ne veut pas dire qu’il n’aime pas les multiples autres aspects de la vie, qu’il n’a jamais rêvé de faire mille autres choses passionnantes. Mais pour lui, quand il est vrai avec lui-même, il doit reconnaître que c’est ce qui correspond le mieux en profondeur à ce qu’il est, à ce qu’elle est.

La dimension la plus profonde de la vocation est la création, entre le Christ et un homme ou une femme, d’une communion de vie. Le Christ est la raison de vivre de la personne appelée. Elle cherche avant tout à vivre avec lui, à vivre pour lui.

«  Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur ». (1 Corinthiens 7, 32).
Saint Marc nous dit que Jésus « en appela Douze pour être avec lui » (Marc 3, 14). C’est le sens de tous les « Suis-moi » que Jésus fait entendre. Pour lui, on peut tout quitter sans crainte car, avec lui, rien ne manque, tout est donné en abondance et même en surabondance. « Celui qui aura quitté maisons, frères, soeurs, père, mère, enfants ou champs, à cause de mon Nom, recevra le centuple et aura en partage la vie éternelle. » (Matthieu 19, 29). Et l’Evangile de saint Luc nous dit : « " Voici que nous, laissant nos biens, nous t’avons suivi !" Il leur dit : "En vérité, je vous le dis : nul n’aura laissé maison, femme, frères, parents ou enfants, à cause du Royaume de Dieu, qui ne reçoive bien davantage en ce temps-ci, et dans le monde à venir la vie éternelle." » (Luc 18, 28-30).

Mais surtout, Jésus lui-même est une richesse qui comble infiniment. Jésus, avec l’amour infini de son coeur, est le trésor de la vie du prêtre ou du consacré. En ce sens, la vraie grâce de la vocation est celle d’une relation intime, unique, avec le Christ. C’est un secret d’amour entre lui et moi.

Saint Augustin disait au Ve siècle :

« Tu nous as faits pour toi, Seigneur, et notre cœur est sans repos tant qu’il ne qu’il repose en toi » (Confessions, livre I).

L’appel de Dieu est une déclaration d’amour. Votre réponse est don, amitié, amour manifesté dans l’offrande de sa propre vie et comme participation permanente à sa mission et à sa consécration. Etre fidèle au Christ veut dire l’aimer de toute son âme et de tout son cœur, de sorte que cet amour soit la norme et le moteur de toutes nos actions.
Jean-Paul II [2]