La peur de la vocation à la vie consacrée

Il arrive fréquemment que l’idée d’une vie consacrée au Seigneur suscite une certaine peur. Il y a trop souvent assimilation de ces deux choses différentes : amitié avec le Christ (auquel tout le monde est appelé) et don total de sa vie au Christ.

Même si le Christ nous appelle tous à faire une rencontre personnelle avec lui et ainsi vivre une amitié avec lui, il n’appelle que quelques personnes à vivre de manière exclusive pour lui !

Mettez-vous à l’écoute du Seigneur, le grand ami. Il vous regarde dans les yeux et vous parle cœur à cœur dans l’intimité de la prière personnelle... Soyez certains qu’il vous illuminera et vous aidera à découvrir et aimer le sens et la valeur de la vocation. Qui sait si aujourd’hui, au cours de cette rencontre en son nom, il ne veut pas vous dire un de ses secrets ? S’il en était ainsi, n’endurcissez pas votre cœur (cf. He 3, 8). C’est seulement dans la disponibilité à la voix de Dieu que vous pourrez trouver la joie de devenir totalement vous-mêmes.
Jean-Paul II [3]

Regardons de plus près cette peur à la vie consacrée :
saint Paul a été retourné par Dieu en un instant sur le chemin de Damas (Actes 9). La tradition parle même d’une chute de cheval. Nous pouvons penser aussi à Simon que Jésus fixa du regard en lui disant : « Tu es Simon, fils de Jean, désormais tu t’appelleras Pierre » (Jean 1, 42).

De même, nous pensons parfois que la manifestation habituelle de l’amour est le coup de foudre !
Ainsi, nous nous imaginons que Dieu intervient toujours de manière radicale, violente et soudaine dans la vie des gens pour leur donner une orientation à laquelle ils ne songeaient pas du tout. Il y aurait donc danger à trop s’approcher d’un Dieu qui, un jour ou l’autre, pourrait bien nous demander de tout quitter pour le suivre.
Ceux qui pensent comme cela font fausse route !

Et c’est vrai que nous sommes tous en danger, en terrible danger :-) Nous sommes en danger d’être aimés et d’être aimés par l’Amour même, par le Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, qui est une vie éternelle d’échange et de communion dans l’Amour. Rien n’est plus fascinant que d’être aimé. Rien ne rend plus heureux que d’être aimé et d’aimer. Mais parfois cela fait peur, car l’amour veut tout et appelle à se perdre, à perdre une liberté, lâcher ce qui est connu pour l’inconnu, quitter une sécurité pour dépendre d’un autre.

Ne pas avoir peur. Voilà l’élément constitutif de la vocation : parce qu’en effet, l’homme a peur. L’homme n’a pas seulement peur d’être appelé au sacerdoce, il craint aussi d’être appelé à la vie, à ses tâches, à une profession, au mariage. Il a peur. Cette peur révèle aussi un sens de ses responsabilités, mais non pas une responsabilité mûrie. Il faut vaincre la peur pour parvenir à une responsabilité mûre. Il faut accueillir l’appel, écouter, recevoir, mesurer avec ses propres forces et il faut répondre : Oui ! oui ! Rassure-toi ! N’aie aucune crainte parce que tu as trouvé la grâce, ne crains pas la vie, ne crains pas la maternité, ne crains pas ton mariage, ne crains pas ton sacerdoce, car tu as trouvé la grâce. Cette certitude, cette conscience nous aident comme elles ont aidé Marie.
Jean-Paul II [4]